Titre : La chambre claire " Note sur la photographie "
Nom de l'auteur : Roland BARTHES
Edition de l'Etoile, Gallimard, Le Seuil
Date de première parution : 1980
Date de lecture : Décembre 2002
Biographie de l'auteur
Critique français ( Cherbourg 1915-Paris 1980 ).Sa vie d'universitaire est perturbée par plusieurs séjours en sanatorium qui lui font découvrir l'oeuvre de SARTRE et le marxisme. Aprés une convalescence à Paris, il obtient un poste d'aide bibliothécaire, puis de professeur à l'institut français et de lecteur à l'université de Bucarest. Séjournant en Roumanie de 1948 à 1949, il découvre la réalité du système communiste. Inspirée de la linguistique de SAUSSURE, de l'anthropologie sructurale, puis de la psychanalyse de LACAN, son oeuvre s'ouvre sur l'étude des rapports de la littérature et du pouvoir ( Le Degré zéro de l'écriture, 1953 ). L'idée d'une langue neutre arrachée aux falsifications du circuit social oriente ses recherches sémiologiques et son analyse des traits et mythes de la société contemporaine ( Mythologies, 1967 ; le Système de la mode, 1967 ). Ses travaux sur une science de la littérature ( Sur Racine, 1963 ; Critique et Vérité, 1966 ), sur la poétique du signe libre ( L'empire des signes, 1970 ) ont fait progresser la réflexion sur le langage naturel antérieur au langage structuré et sur la science des signes antérieurs à toute linguistique. Son oeuvre est une réflexion sur l'essence de la communication. On lui doit, entre autre, "Fragments d'un discours amoureux, 1977" et "La chambre claire, 1980". Attentif aux transformations de la littérature aussi bien qu'aux textes classiques, BARTHES en vient progressivement à cerner "Le plaisir du texte", 1973. C'est pourquoi il emprunte ses méthodes à diverses théories ( de Brecht au struturalisme, dont il est avec Lévi- Strauss, un partisan résolu montrant notamment qu'il existe une créativité, dans la littérature, de la méthode structurale en passant par la psychanalyse ), privilégiant la saveur des mots sur le strict contenu. Mais, trés soucieux de préserver sa liberté d'écrivain, il admet que toute régle, en particulier théorique, risque de se transformer aisément en abus.En 1976, il obtient une chaire de sémiologie litttéraire au collége de France, qui vient couronner sa carrière universitaire à la fois prestigieuse et marginale. Il meurt le 26 Mars 1980, des suites d'un accident de la circulation.
Thème du livre
Ce livre traite de la photographie. Il aborde le problème du classement de la photographie : d'aprés Barthes il n'existe aucun moyen pour classer les différents types de photos. Dans un premier temps, il essaiera d'en établir un de type émotionnel, mais ensuite il se rendra compte de l'intérêt de la photographie comme élément créateur d'histoire et ceci l'amènera à décrire la photo comme objet ethnographique.
Plan du livre
I. - Spécialité de la photo
- La photo inclassable
- L'émotion comme départ
- Operator, Spectrum et Spectator
- Celui qui est photographié
- Le Spectator : désordre des goûts
- La photographie comme aventure
- Une phénoménologie désinvolte
- Dualité
- Studium et Punctum
- Le Studium
- Informer
- Peindre
- Surprendre
- Signifier
- Faire envie
- La photographie unaire
- Co-présence du Studium et du Punctum
- Le Punctum : trait partiel
- Satori
- Après coup et silence
- Champ aveugle
- Palinodie
II. - " Un soir... "
- L'Histoire comme séparation
- Reconnaître
- La photographie du Jardin d'Hiver
- La petite fille
- Ariane
- La Famille, la Mère
- " ça a été "
- La pose
- Les rayons lumineux
- L'Etonnement
- L'authentification
- La stase
- La mort plate
- Le Temps comme Punctum
- Privé / Public
- Scruter
- La ressemblance
- Le lignage
- La chambre claire
- L' " air "
- Le regard
- Folie, Pitié
- La photographie domestiquée
Concepts clefs
Le Studium est le champ très vaste du désir nonchalent de l'intérêt divers, de l'ordre du goût : j'aime / je n'aime pas.
Le Punctum est un détail, c'est à dire un objet partiel, un objet qui attire l'attention du spectateur qui ne peut avoir aucun intérêt par rapport à ce que l'image veut montrer.
L'Operator, c'est le photographe.
Le Spectator, c'est nous tous qui compulsons, dans les journaux, les livres, les albums, les archives, des collections de photos.
Le Spectrum, c'est la cible, le référent, sorte de petit simulacre, d'eidôlon émis par l'objet.
Le " ça a été " est l'objet restant, constitué de l'interfuite entre l'infini et le sujet.
Intérêt du texte
Ce texte nous montre que la photographie est un objet qui capture un instant de vie, une époque placé entre passé et présent. C'est en quelque sorte une mort avant l'heure, ce que l'auteur qualifiera de mort plate.A travers la photographie, on peut retracer, à grands traits, l'histoire puisque celle-ci, d'après l'auteur, n'est pas trompeuse : l'élément photographié s'est trouvé là à l'instant de la prise ( ça a été ), mais c'est son interprétation qui peut être illusion. Dans la deuxième partie du livre, l'auteur nous montre bien que la photographie est en soi un objet ethnographique, car, à travers le temps ( exemple de sa mère enfant ), l'habillement, les gestes, il est possible de caractériser une époque, une culture.
Réflexion et questions sur le texte
Ce texte nous montre bien l'intérêt de la photographie pour retracer les événements passés, mais peut-on encore, aujourd'hui, lui faire confiance? L'arrivée de la photo numérique nous incite à croire que la photographie peut être manipulée et même inventée comme la peinture : le " ça a été " n'est plus garanti.
La photographie revêt-elle encore son attrait métaphysique, objet de mort et de vie éternelle?
Extrait du texte particulièrement intéressant
" Les réalistes, dont je suis, et dont j'étais déjà lorsque j'affirmais que la photographie était une image sans code - même si, c'est évident, des codes viennent en infléchir la lecture - ne prennent pas du tout la photo pour une "copie" du réel - mais pour une émanation du réel passé : une magie, non un art. Se demander si la photographie est analogique ou codée n'est pas une bonne voie d'analyse. L'important, c'est que la photo possède une force constative, et que le constatif de la photographie porte, non sur l'objet, mais sur le temps. D'un point de vue phénoménologique, dans la photographie, le pouvoir d'authentification prime le pouvoir de représentation.
Le plaisir du texte par Roland Barthes
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